Contributions

Place de "l'art est public"

affiche street art écrits lieux
Paris, 2022
« La république » ou « l’art est public » ? Détournant le nom de la célèbre place parisienne, l’auteur·ice joue sur l’ambiguïté entre ce qui est légal ou non de faire et d’écrire dans l’espace public. Lorsqu’elles sont institutionnalisées et commanditées, les oeuvres de street-art revêtent un caractère légal. Taguées sans autorisation, elles relèvent du délit, comme c’est le cas ici.
En rappelant la liberté de chacun·e d’évoluer et d’intervenir dans l’espace public, liberté incarnée par la figure de la République mentionnée par la plaque signalétique, l'affirmation "l'art est public" rappelle le droit fondamental d’expression ainsi que ses limites : il est interdit d’investir les murs de la ville sans autorisation. L’auteur·ice s’accorde alors le droit d’écrire illégalement sur les murs de la place.
En y ajoutant le signe « copyright », l’auteur·ice semble également suggérer la présence d’un droit d’auteur, qui confère à tout auteur·ice d’une création originale la propriété sur son oeuvre (droits patrimoniaux et droits moraux). L’oeuvre, ici à la fois graphique et textuelle, serait-elle alors protégée en tant que création originale, interdisant dès lors tout effacement par les services de la ville sans accord préalable de son auteur·ice anonyme ?
Dans sa dimension transgressive et son statut ambiguë (s’agit-il d’une oeuvre ?), l’inscription intègre le paysage visuel de la place de la République. Elle rappelle les droits de chacun·e à l’expression et à la créativité, tout en admettant les limites juridiques de ces derniers… et ce avec un certain humour.