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La justice prise à partie

signalétique accès au droit mobilisation critique
Paris, 19ème arrondissement, 2021.
L’affiche est standard, indiquant l’objet du lieu – un point d’accès au droit – et ses conditions pratiques d’accès. En petit sur la balance qui symbolise la justice, une affirmation qui peut surprendre par sa naïveté : « il est facile d’avoir accès au droit ». Mais cette affirmation institutionnelle, qui probablement cherche à convaincre, va être violemment contestée : dans une écriture plutôt soignée, le garde des sceaux est traité de proxénète, et le dispositif accusé de servir le droit allemand, en allusion on l’imagine avec l’épisode de collaboration pendant la seconde guerre mondiale. En bas à droite, quelques signes font penser à une signature ésotérique.
Impossible ici de deviner le pourquoi de ces insultes et diffamations nauséabondes, mais on peut faire l’hypothèse qu’elles sont le reflet extrême et caricatural de la très forte défiance que provoque l’institution judiciaire auprès des populations défavorisées. Quand on est « contre le droit », souvent parce qu’on vit l’institution judiciaire comme une menace plus qu’une protection, taguer une pancarte peut être un moyen de résister.