Contributions

Poésie et sens interdits

lieux signalétique écrits affiche mobilisation
Fécamp, 2021
A Fécamp, petite ville normande de bord de mer, en plein hiver et sous la pluie, les rues jouxtant le front de mer sont désertes. Sur les fenêtres pourtant, on sent la présence des habitant.es. Vestige d’un printemps des poètes passé, des poèmes de Ronsard, extraits de BD et petits mots scotchées sur les vitres accompagnent la promenade des passant.es. A l’abord de des croisements, des affiches d’un autre ordre se mêlent à cette exposition littéraire : un « collectif citoyen du quartier de la plage de Fécamp » s’oppose à la limitation du sens de circulation de certaines voies du centre-ville. Si rien n’est dit de l’identité de ce collectif ni des effets de leurs revendications (il semblerait toutefois qu’aucune installation de sens interdits ne soit à déplorer à ce stade), le répertoire d’action mobilisé attire l’attention de par son originalité : utilisation des fenêtres – interfaces entre espaces privés et intimes des domiciles et espace public de la rue – comme support de communication, retournement de la représentation et de la symbolique du panneau « sens interdit » au profit, justement, de son interdiction… Le mélange des genres – y compris entre poésie et rhétorique « militante », fait apparaître des citoyen.nes engagé.es aux facettes multiples, et ce même en leur absence.