A Bruxelles, des fonctionnaires en charge de la répression administrative des infractions sont contraints de s’habituer à de nouveaux espaces de travail. Repeints à neuf. Et cloisonnés. Pas de chance, la nouvelle cloison coupe en deux une prise de courant.
Image symbolique d’un courant qui ne passe plus entre des gestionnaires réformateurs déconnectés des réalités de travail au sein des administrations et des fonctionnaires qui ont le sens du service public, veulent bien faire leur travail mais souffrent de l’inadéquation des outils qui leur sont fournis.
Image également symbolique de fonctionnaires occupant une position atypique, dans une organisation répressive, mais hors du pouvoir judiciaire, vecteurs d’un projet de décloisonnement de la répression, loin des exigences tatillonnes du principe de légalité, et pourtant poussés dans des cases dont les délimitations apparaissent absurdes.
Or, quand l’absurde entre dans les quotidiens professionnels, il se banalise, tandis que se déploient des tactiques de contournement. Les agents de l’État ne tentent pas de fuir les charges de leur fonction, mais ils veillent au contraire à honorer celle-ci malgré l’institution, quoiqu’il en coûte. Il en résulte un surcroit de travail, lequel est à la fois invisibilisé par l’organisation et source d’attentes de reconnaissance.
Progressivement, le papier a été banni de bureaux de plus en plus exigus, lesquels sont de toute façon de moins en moins occupés, télétravail oblige. Les codes et autres textes réglementaires sont désormais dématérialisés, les documents de travail sont au loin, dans les nuages, et les collègues sont visibles par écrans interposés… l’accès à cet univers ne tient qu’à un fil, celui qui relie les ordinateurs aux prises de courant.
Cette prise, point de connexion entre les infrastructures fixes et une administration en voie de délocalisation (au sens d’une abolition de sa localisation), rencontre ici l’ancien monde des cloisons, des postes de travail fixes et des bureaux soigneusement alignés.