Contributions

Dorures et graffitis

lieux écrits tribunaux
Paris, France, 2020
Ile de la Cité, Palais de Justice de Paris. Le Tribunal de Grande Instance a déménagé en 2018 dans le Nord-Ouest parisien, mais les signes de nombreuses décennies de passage, d’attente et de vie dans ces murs demeurent. En déambulant dans le dédale des couloirs imposants et dorés, on parvient à l’aile de l’ancien « pôle social » - compétent pour tous les litiges relatifs à la sécurité sociale. Ici, pierres séculaires et marqueteries sont couvertes de graffitis : « Lucifer 972 », « Kartel Mesrine », « Hakim Sartrouville Les Indes », « Rue Dauber », « Jim »… Jurant avec l’ordre ambiant – procédures policées, discours feutrés, décors néo-classiques – ces inscriptions viennent rappeler, en leur absence, celles et ceux vers qui la justice est premièrement tournée. Justiciables et citoyen.es ordinaires, souvent éloigné.es du monde de la justice et de ses codes, ont passé de nombreuses heures à attendre devant ces portes (celles des bureaux d’ordre où les procédures sont enregistrées, celles des chambres où les jugements sont prononcés, celle du bureau de l’aide juridictionnelle …) et y ont imprimé durablement leur marque.