Sur les marches du Palais de Justice de Paris se tient un petit groupe à la discussion fortement animée. L’une de ces personnes porte un long habit noir satiné, aux manches amples et aux boutons finement recouverts. Sur sa poitrine se détache en blanc un rabat plissé et brodé.
On y reconnaît spontanément un.e avocat.e (de Paris, sans doute, puisqu’il n’y a pas d’épitoge en fourrure), de la même façon qu’une robe rouge ornée d’hermine désignerait un ou une Président.e de chambre, et qu’une ceinture bleue apparaissant sous la robe identifierait un ou une juge de tribunal d’instance.
La maison Bosc est l’une des trois maisons historiques françaises spécialisées dans la facture de ces costumes d’audience. Dans une petite boutique en longueur située juste en face du Palais de Justice sur l’île de la Cité, où ont été prises ces photos, sont reçu.es avocat.es, magistrat.es, universitaires. Ils et elles donnent leurs mesures, choisissent nuances et finitions, avant que leur robe soit façonnée à la main par les quatre couturières travaillant dans l’atelier situé au premier étage. Cette robe a ensuite vocation à accompagner son ou sa propriétaire durant de nombreuses années. Au-delà de son prix (parfois plus de 3000 euros !), l’habit est également porteur d’une forte valeur symbolique individuelle. On explique ainsi à la maison Bosc que les retouches sont fréquentes, certain.es avocat.es étant particulièrement attaché.es à la robe dans laquelle ils ou elles ont prêté serment ou gagné une affaire particulière. A la forte dimension historique et institutionnelle des symboles représentés par ces habits s’entremêlent donc étroitement les parcours personnels de celles et ceux qui les portent.