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No pass, no life

affiche street art santé mobilisation collages critique
Paris, 2021
La photographie de ce collage est-elle en passe de devenir un document d’archive, après la suspension du pass vaccinal « partout où il s’applique » depuis le 14 mars 2022 ? Fin 2021 en tous cas, le slogan « pad pass pad vie – no pass no life », placardé sur certains murs du quartier de Belleville à Paris, était porteur d’un message fort à l’heure où la plupart des activités du quotidien demeuraient soumises à la présentation d’un certificat de vaccination. Impossible depuis le vote de la loi du 31 mai 2021 de se rendre au restaurant, au stade, au bar, au cinéma, au casino, au zoo ou encore à la bibliothèque municipale sans pass, sanitaire ou vaccinal.
Synonyme d’une vie en suspens pour les « no-vax », ces presque 20% de la population française non vaccinée, cette mesure d’exception fortement contraignante repose sur un dispositif légal complexe, supposé lui garantir légitimité juridique et démocratique : promulgation d’un état d’urgence sanitaire, avis favorable du Conseil d’Etat, loi du 31 mai relative à la gestion de la crise sanitaire, loi du 22 janvier 2022 renforçant les outils de gestion de la crise sanitaire… Pourtant, face à l’ampleur des limitations des libertés individuelles induites par cette mesure, le pass sanitaire a fait l’objet de contestations et de stratégies de contournement importantes au sein de la population. Cette image en est un exemple : mobilisant les codes graphiques facilement reconnaissables du QR code, ce collage critique l’exclusion de la « vie » collective des personnes non vaccinées, et interroge sur la durée d’application d’un dispositif soumis aux aléas d’une crise épidémique difficilement prévisible.