Contributions

Interdiction formelle

signalétique travail interdictions contrôle
La Terrasse-sur-Dorlay, octobre 2020.
C’est dans l’intéressante « Maison des tresses et lacets » de La Terrasse-sur-Dorlay, musée industriel au cœur du parc régional du Pilat, que l’on trouve cet écriteau, vestige du temps où cette ancienne usine textile, comme la quinzaine d’autres de cette petite vallée, employait jusqu’à 90 personnes, principalement des femmes venues des campagnes environnantes.
Dans l’atelier (ouvert en 1910), ces ouvrières devaient se consacrer pleinement à leur tâche. L’heure était au travail et à la discipline, pas au loisir ni à la flânerie. Lecture et travaux manuels étaient donc interdits ; ils l’étaient même « formellement » : c’est écrit noir sur blanc.
L’adverbe nous renseigne ici, probablement, sur la présence d’un règlement d’atelier, comme ceux étudiés par Alain Cottereau et d’autres pour explorer dans un même mouvement les transformations de l’organisation industrielle et le droit du travail naissant. Cet adverbe est aussi, sans doute, un moyen de donner force au rappel à l’ordre, afin de prévenir plus sûrement toute entorse aux règles du patron ou d’éteindre toute velléité de négociation. Et si l’entorse devait avoir lieu ou la négociation être tentée, la réprimande serait alors d’autant plus grande que l’interdiction avait été ainsi explicitement rappelée.
Si on ne pouvait ni lire, ni s’adonner à quelques menus travaux, pouvait-on néanmoins rêver ou penser à autre chose, pendant que les mains s’affairaient sans relâche sur les métiers à tresser ?